Nous voilà de retour… home sweet, home…
Depuis notre arrivée à Puerto Williams, il s’est passé encore tant de choses !
Juan Carlos, de sa plume agile vous a narré Puerto Williams et Ushuaïa.
J’aimerais rajouter quelques images en attendant de vous livrer nos photos, et avant que le grand livre ne se ferme délicatement.
Amarrés au Micalvi, nous sommes bien placés pour le ballet des bateaux lointains qui reviennent du bout du monde. Tout le monde est là : Vahiré, Tara, Sauvage, Kotick, Peau d’orange…
Retrouvailles souvent émues. Peut-être parce que chacun sait que ces moments sont rares et fragiles, qu’il va repartir, que ce n’est qu’une escale, et qu’il faut profiter de ces instants de chaleur parce qu’ils sont éphémères.
Demain, l’un repartira vers l’Antarctique, l’autre vers les glaciers, un autre vers Buenos Aires, Valparaiso, l’île de Pâques, l’Alaska. Alors, on se dit : « A bientôt ! Prends soin de toi ! » et les yeux sont un peu embués.
De quoi avoir envie d’aller voyager ailleurs !
Visite au Musée de Puerto Williams qui raconte l’histoire des yamanas, peuple qui habitait la Terre de Feu dont on ne trouve que quelques traces. Pêcheurs, ils ont laissé des monticules de moules sur les rivages. On en voit les coquilles entassées les unes sur les autres sur de grandes épaisseurs. On peut y trouver des pointes de flèches.
De quoi avoir envie de faire de l’archéologie!
Nous bichonnons ADA qui l’a bien mérité en nous ramenant à bon port. Dégréage des voiles, nettoyage des tissus, tri, rangement, inventaires, liste des réparations à prévoir, démontage des pièces à changer, plus lavage des cirés, bottes et gants salés.
Une balade dans la forêt primaire parmi les troncs enchevêtrés et les tourbières. Nous descendons d’un sommet qui domine le Beagle dans un fouillis de branches, des arbres rongés par les castors, le long d’un torrent, puis soudain dans une clairière verte d’herbe épaisse et molle.
Nous suivrons aussi un chemin côtier qui nous mènera à travers taillis et arbres morts aux formes tordues et pathétiques, jusqu’à une cascade veillée par une petite Vierge.
Martins pêcheurs, oies sauvages, rapaces, chevaux en liberté ponctuent notre marche.
Des arbres pendent des cheveux d’ange.
De quoi avoir envie d’étudier la faune, la flore, la géologie et la géographie !
La dépression qui nous guettait de ses yeux de lynx est passée.
Une averse s’abat avec violence sur le Canal. La surface de l’eau se couvre de diamants quand les ondes de pluies s’étirent sur son dos.
Le ciel est devenu noir au-dessus des aiguilles rocheuses qui nous dominent. Elles restent imperturbables sous les assauts du ciel.
Chacun s’est abrité dans la chaleur des bateaux.
Soudain….
Un arc en ciel étire ses longs bras au fond de la baie. Un arc en ciel comme on n’en voit jamais : rouge, orange, jaune, vert, bleu, indigo, violet. Tout y est, avec une grande netteté et des couleurs très vives.
Et puis… magie… : il se reflète à la surface de la mer calmée et immobile, et le même, aussi pur, entame un ovale coloréet se perd dans le décor.
Grand silence. Nous admirons.
Les aurores boréales doivent être aussi belles !
Mercredi, départ.
Les yeux se disent plus que les paroles. Ces moments passés ensemble resteront dans nos mémoires, dans la lumière et le bleu.
L’équipage se sépare : les uns trinqueront encore dans le Pub irlandais d’Ushuaia aux voyages à venir, les autres partageront l ‘assado avec marins, scientifiques, argentins et autres, en se racontant la mer.
Au Musée maritime d’Ushuaia, nous revivrons l’épopée de la découverte de la « Terre de feu », du Cap Horn et du Détroit de Magellan, nous suivrons les épopées des Cook, Le Maire, Fitz Roy, Drake, Darwin et des moins connus : Van Noort, Nodal, Freizer, Broer…
Des cartes primitives retracent la difficile conquête de ce bout de terre battu par les vents. Chaque ligne rappelle que des hommes ont tenté de faire avancer nos connaissances dans le froid glacial et les tempêtes.
Dans la cour se dresse une reproduction du « Phare du bout du monde ». Son histoire est fabuleuse. Situé dans l’île des Etats, il tombait en ruines. En 1994, Yul Vernes, de La Rochelle (grand ami d’Isabelle) décide de le reconstruire à l’identique. Quatre après, grâce à sa ténacité, son courage, et une équipe de mordus, le phare fonctionne à nouveau comme avant.
Une réplique est construite à la Pointe des Minimes, à La Rochelle.
Nous avons rencontré tant de gens d’exception : marins qui vivent leur liberté de mer, scientifiques passionnés, amoureux de cette région sauvage ! Nous avons écouté leurs histoires, découvert leurs métiers, feuilleté les livres qui racontent les glaciers, les oiseaux et mammifères du continent austral, la vie des peuples de terre de Feu, la découverte des contours de la planète, nous avons posé nos pieds dans les traces de Charcot, Gerlache, Shackleton, Weddell, nous avons observé, admiré, écouté, échangé.
Les étoiles du sud se reflètent dans notre sillage.
Savez-vous que « Antarctique « vient de deux mots grecs signifiant : « ce qui est contraire » et « ours », en référence à la constellation indiquant le nord, appelée « Petite ourse » ?
Il faut maintenant réapprivoiser le quotidien, retrouver le jour et la nuit, l’odeur de la terre, le bruit, l’agitation, mais aussi les bras de ceux qui nous sont chers. Nous garderons ouverte la porte de nos rêves.
Voyage dans le temps et dans l’espace, aux confins du monde, nous ne revenons pas identiques…
L’Antarctique garde des secrets et des beautés cachées.
Nous avons juste levé un petit coin de voile, sans bruit. Il glisse doucement sur la neige paisible et silencieuse et les phoques alanguis s’assoupissent sur leurs glaçons à la dérive.
Nos images vous parviendront au fil du temps, pour vous émerveiller encore.
Nous avons choisi de faire 4 séquences que vous découvrirez petit à petit.
Dans vos commentaires, vous pourrez nous demander des explications sur certaines photos si vous le désirez. Maintenant, nous pouvons vous répondre en direct, sans passer par l’iridium !
Avec les « terriens » nous allons préparer une exposition à Avignon. Pas de date fixée. Revenez de temps en temps sur le blog pour le savoir.
Merci à vous tous de nous avoir accompagnés !
Heureux qui, comme Ulysse,…
Bises à tous et à toutes.
Elisabeth